Pour tous, un écueil naturel qu'il faut juste apprivoiser …
Chers lecteurs :
Que ceux qui ont vécu un processus d'accompagnement en ayant traversé cette expérience comme un chemin de roses lèvent le doigt !
Aucune main levée ? Je n'y vois rien de plus normal !
Cela aurait de quoi dissuader les candidats à la découverte d'eux-mêmes et pourtant … je voudrais vous montrer que rien n'est plus exaltant que de vaincre ces résistances contre soi-même. Car c'est bien un duel entre soi et Soi qui se joue. Mais un combat à la loyale qui n'est autre que le reflet du conflit qui nous habite tous.
Ceux qui s'engagent sur un chemin d'évolution, découvrent ce conflit et le dépassent souvent. Ceux qui envisagent de le faire en ont une certaine intuition mais sont effrayés. Et les questions que j'entends sont souvent les mêmes :
“Que sont ces résistances ?”
“Comment les expliquer ?”
“Que supposent-elles ? Qu'impliquent-elles ?”
“Quels sont les moyens qui permettent d'en venir à bout pour enfin accéder à la véritable quête ?”
Nombreux doutes autour d'un sujet que je vous propose d'explorer à travers mes arguments.
1 – CHANGER ? – JE VEUX ET … JE NE VEUX PAS !
Les avatars légitimes d'une quête encore plus légitime …
Vouloir évoluer est un des propos de l'Homme actuel. Parfois, c'est un désir constant qui se manifeste jour après jour, comme une philosophie de vie. Souvent, c'est une rupture vitale qui provoque un désir de changement radical. Un deuil, une crise familiale ou personnelle, un avatar professionnel … faisant apparaître un état dont on ne veut plus … un désir d'autre chose …
Mais quoi ? … Comment ? …
Dans ce cas, la situation est vécue comme inextricable, et toute forme d'aide peut être sollicitée.
Quoi de plus légitime ?
Au fond, ce qui est consciemment recherché, à cet instant, c'est la recherche d'un bonheur qui semble ne pas avoir existé jusqu'ici. En termes plus inconscients, le sujet vise à remplacer de vieux schémas qui s'avèrent limitants, insensés, douloureux, par de nouveaux paterns plus fonctionnels, sains, voire libérateurs.
Le mot est lâché : ce qui est convoitée, c'est une forme de liberté par rapport à un état d'être, une relation, une situation.
Nous verrons que cette quête n'est pas exempte d'écueils … qui seront pourtant utiles et nécessaires.
Libre ? … Heureux ? … Épanoui ? … je désire l'être par-dessus tout ! … Mais … Ça résiste …
En guise de définition, vous l'aurez compris, nous appelons résistance toute manifestation qui, lors d'un processus d'accompagnement, témoigne du conflit qui nous habite lorsque deux motions opposées luttent en nous.
Ce concept se situe au cœur de notre pratique …
Elle se place à la limite exacte entre l'échec d'une démarche et son succès.
Prémisses, causes et explications …
Je ne connais personne qui pourrait contredire le fait suivant : Nous sommes le fruit de nos conditionnements. Les demandes explicites et/ou implicites auxquelles nous soumettent le contexte dans lequel nous atterrissons dès la naissance, ne manquent pas de nous façonner d'une manière qui nous éloigne de notre vraie nature, sans que nous ayons conscience de la supercherie.
Voici la racine de tous nos conflits internes ; la coexistence en nous de deux entités qui s'opposent. L'une, correspondant à notre essence, avec ses désirs, ses aspirations et ses talents est souvent sujette à critique et à censure.
L'autre, est ce personnage que nous construisons pour le rendre conforme aux attentes externes. Il nous garantit l'amour de ceux qui nous posent des conditions, et donc, l'acceptation et la sécurité.
Pour des raisons faciles à comprendre, nous nous accrochons au second qui reste notre seul espoir d'approbation et de survie. En même temps, nous refoulons le premier aussi loin que possible dans notre inconscient, saturés que nous sommes par les expériences de rejet (elles aussi refoulées) que n'ont pas manqué de susciter nos tentatives d'expression authentique.
Ce jeu imaginaire, pourtant très universel et vécu avec un fort sentiment de réalité, est tellement insidieux, qu'il parvient à nous faire croire que nous sommes ce personnage, seul garant de notre propre sentiment de sécurité.
Voici pourquoi nous dépendons tellement des avis extérieurs pour forger notre propre jugement sur nous-mêmes ; l'image intime de notre valeur personnelle.
Voici pourquoi nous attribuons si facilement la cause et la solution de nos problèmes à des contingences externes.
Voici pourquoi, enfin, nous sommes tellement enclins à nous déformer pour nous conformer.
Tant que le vrai Soi reste endormi, nous voguons sur le “long fleuve tranquille” de l'existence sans trop de préoccupations. Mais l'inconscient ainsi que son contenu, ne restent jamais endormis bien longtemps. Tel le volcan qui parfois s'éveille en épanchant sa roche en fusion, le vrai Soi ayant des soubresauts d'éveil manifeste son désaccord avec le personnage d'apparat. C'est alors qu'il déverse son magma cuisant sous forme d'émotions peu amènes. La conscience de l'inauthenticité de l'ego éveille toujours le vague souvenir que nous sommes autre chose. Nous voilà confusément nostalgiques d'un état d'être partiellement oublié. Pas forcément conscient, mais très opérant …
Quand bien même nous tenterions une trêve avec le vrai Soi afin de lui permettre sa pleine et libre expression, nous serions attrapés par l'autre mâchoire du piège : le souvenir du danger qu'il y a à autoriser un personnage, autrefois objet de toutes les menaces, prohibitions et punitions …
Dès lors, il n'y a plus de place que pour la Peur.
Toute demande d'accompagnement, ainsi que tout processus d'aide, ne visent qu'à permettre l'émergence de cette part véridique de nous-mêmes … sans pertes ni fracas, si possible.
Il n'est pas étonnant que les démarches entreprises génèrent peur et douleur … pour un temps.
Pas étonnant non plus que tout cela soit vécu sous le sceau de la menace … contre laquelle nous possédons tout un arsenal de défenses. Défenses organisées en résistance.
Selon son histoire, la profondeur du conflit, le poids d'un traumatisme, le client va mettre en œuvre tout un système visant à préserver la structure de son personnage, en repoussant les appels à l'éveil du vrai Soi, vécus dans le souvenir d'un châtiment potentiel et illusoirement létal.
Dans cette perspective, le changement est vécu avec un degré de stress plus ou moins important.
“Le combat de toute une vie … mais sans conteste le plus gratifiant, libérateur, épanouissant, est celui que l'on mène contre soi-même … pour Soi-même.”
Les sources les plus courantes de résistance au changement.
La première, et la plus profonde, concerne la menace de perte d'amour. Ayant perdu la capacité à connecter avec le vrai Soi, nous perdons de vue, du même coup, une source interne et inépuisable de sagesse, de connaissance de Soi, de paix et de joie.
Contraints de ne compter que sur le personnage pour assurer notre propre estime, c'est à l'extérieur que nous allons chercher la satiété. Nous voilà dépendants des autres et du contexte pour affirmer notre propre valeur. Valeur que nous tentons de renforcer avec des attributs, arguments, attitudes, bien visibles du dehors et souvent très coûteux : alors que notre rayonnement intérieur reste méconnu et bien tapi au fond de son cachot. Notre alternative reste invisible à nos yeux … et à ceux du reste du monde.
L'amour de soi et des autres pour ce que nous croyons être est à ce prix !
Perdre cela ?
Voilà de quoi éveiller le sentiment d'un puissant danger !
La seconde forme de résistance, souvent vécue avec une semi-conscience, concerne la peur suscitée par la perte d'avantages. Ce n'est, le plus souvent, qu'une crainte supposée ou imaginée. Mais sa force et ses conséquences n'en sont pas moins réelles.
Qui n'a jamais végété dans une situation médiocre ou douloureuse contre le bénéfice d'un confort relatif ?
Qui n'a jamais accepté telle fonction ou tel travail aliénant au prix d'une certaine forme de reconnaissance, d'un salaire plus attractif ou d'une sécurité artificielle ?
Qui pourrait dire qu'il n'a jamais cédé à la satisfaction approximative que pouvait offrir une position de “victime” ?
Mes propos peuvent sembler choquants, mais je vous assure que ces exemples sont loin d'être exceptionnels. Il est étonnant de constater à quel point nous sommes portés à entretenir un réel inconfort au prix de piètres bénéfices secondaires auxquels nous nous refusons à renoncer.
Or, la liberté que fomente tout processus d'aide digne de ce nom, requiert une honnêteté, un travail, un courage, une responsabilité, auxquels tout le monde n'a pas forcément envie de s'astreindre … a priori.
L'essentiel de ces résistances se réduisent à un élan naturel qui nous fait “lâcher la proie pour l'ombre”. Cela nous fait préférer un mal connu à un bien qui reste à connaître.
Il n'est pas facile de renoncer aux illusions.
“Au fond, la difficulté d'assumer un processus de changement profond tient à ce que la conscience de ce que nous croyons avoir à perdre arrive avant la conviction absolue de ce que nous avons à y gagner.”
Juan Manuel Salido Pena.
Les formes que prennent les résistances.
Les masques que revêtent nos défenses, lorsque nos schémas anciens sont malmenés, sont extrêmement variés.
Les formes superficielles qu'adoptent ces résistances se manifestent souvent par des retards ou des oublis de séance. D'autres fois, nous constaterons des incompréhensions dans les consignes ; un manque d'implication. Plus rarement, ce seront des thématiques, pourtant évidentes auxquelles on manquera de se référer, voire des refus plus ou moins catégoriques d'aborder certains aspects lorsque le praticien y fera allusion.
Dans des cas plus extrêmes, il peut arriver que le client rompe le contrat, que ce soit partiellement ou … définitivement.
Tout le spectre des réactivités appartient au domaine du possible. Les formes manifestes et leur persistance sont plus régies par le profil particulier du conflit, de sa profondeur, que par la patience et la diplomatie du professionnel.
L'intensité avec laquelle peut être vécu le sentiment de menace est souvent surprenante. Et il n'est pas rare que les réactions apparaissent comme un coup de tonnerre dans un ciel serein.
Tout se passe comme si la mise à nu des illusions cachant la vérité profonde du sujet, réveillait des peurs archaïques.
Et nous savons tous que, du point de vue inconscient, nous sommes toujours les bébés, les enfants, les adolescents que nous fûmes jadis.
Les peurs refoulées continuent d'exister avec l'intensité du premier jour.
Dès lors, il est aisé de comprendre que l'obligation de toucher à certains aspects lors d'un processus de changement ou d'évolution, expose les protagonistes à des émotions primales. Voire animales.
Or, pas d'alternative. C'est très certainement ce que voulait dire Carl Gustav Jung, lorsqu'il affirmait qu'il fallait traverser son ombre pour trouver sa Lumière.
Émotions primales ; animales ; ancestrales.
C'est bien de cela qu'il s'agit.
Dans certains moments cruciaux du processus, nous sommes obligés d'ouvrir la boîte de Pandore.
L'émergence du nouveau … qui cherche à tuer l'ancien.
L'apparition du vrai Soi qui menace la vie du personnage … Personnage érigé en garant unique d'amour, d'acceptation, de sécurité … tous illusoires.
Face au sentiment de menace, la réaction peut être celle de l'animal face à un danger potentiellement létal :
La paralysie – la fuite – ou l'attaque.
Et c'est là que l'expérience du praticien prend tout son sens.
Par sa patience et sa capacité à rassurer, à sécuriser, il saura rendre ces avatars supportables et transitoires. En insistant sur le caractère purement imaginaire de telles remontées inconscientes, il poussera le sujet à constater que derrière leur vécu inamical, une porte lui sera dévoilée, dont le franchissement ne manquera pas de provoquer une avancée aussi harmonieuse que surprenante.
La découverte d'une des facettes du diamant qui dort en lui, comme en chacun de nous.
“Face à l'enfant apeuré que nous redevenons en nous redécouvrant, la seule conduite pertinente et profondément humaine pour le professionnel, sera de tout faire pour être perçu comme l'adulte rassurant grâce à qui rien de mauvais ne peut subvenir”.
Juan Manuel Salido Pena.
Moi qui me demande si je m'engage dans un processus … Pourquoi me donner tout ce mal ?
Question absolument justifiée, mais à laquelle il ne m'appartient pas de répondre.
Cela vous paraît sûrement bien difficile, et je le comprends. Mais en matière de moyens à mettre en œuvre pour servir sa propre évolution, la réponse ne peut appartenir qu'à celui qui envisage la possibilité de s'engager.
Tout au plus, je ne peux que vous donner des éléments qui feront pencher la balance de votre doute, soit d'un côté, soit de l'autre.
C'est ce que je vous propose à la suite …
“Nos doutes nous assaillent et nous font échouer. Nous manquons le but que nous pourrions atteindre par crainte seulement de ne point l'atteindre.”
William Shakespeare.
2 – IL N’Y A PAS D’EXISTENCE SANS CONFLIT …
… Et pas de victoire sans lutte !
Ces titres ne semblent laisser aucune marge :
“Soit, je lutte (et il s'agit d'une lutte contre soi), soit je reste condamné à vivre en perpétuel état de conflit intérieur (et donc, extérieur).”
Ma réponse à ce dilemme ?
OUI !
Toute conscience d'un malaise existentiel stimule le désir d'une quête. Or, toute quête suppose la perspective d'un changement. Et, finalement, tout changement implique la rupture avec un schéma ancien. Schéma dont nous avons vu qu'il comportait certains inconvénients, mais aussi certains avantages, ou bénéfices secondaires.
Une des grandes difficultés au moment d'entamer un tel processus, réside dans le manque total de vision quant à son résultat.
Et tout accompagnant digne de ce nom ne peut vous donner de garantie totale à ce sujet.
Aux multiples questions :
“Qui me dit que le jeu en vaut la chandelle ?”
“Comment savoir si cet inconnu qui m'attend justifie que je renonce à ces bénéfices qui m'aliènent, mais que je connais ?”
La seule chose que je peux dire est la suivante :
Une évolution ne se fait que dans un seul sens.
Malgré les hauts et les bas qui ne manquent pas de se produire, un processus permettra forcément une avancée.
Il n'est malheureusement pas possible d'affirmer à l'avance comment, en quoi, jusqu'à quel point …
Et j'ajoute que cela dépend, pour une très grande part, du sujet lui-même ; de la profondeur de sa quête ; de la force de son désir ; de la constance de son implication ; de bien d'autres choses encore.
Aller mieux ? … Ou guérir ? … Cruel dilemme !
Guérir est un bien grand mot qui évoque souvent un état pathologique.
Nous ne sommes pas dans ce cas de figure. Et je devrais plutôt parler d'affranchissement de schémas anciens qui limitent nos possibilités, réduisent nos potentiels, sabotent nos actions, nous maintiennent dans un état de méconnaissance de nous-mêmes, de dépendance, etc…
Ma pratique me permet d'affirmer que beaucoup de clients veulent aller mieux … mais peu veulent “guérir”. En d'autres termes, beaucoup veulent cesser de souffrir, sans avoir à assumer la perte qu'ils s'imaginent devoir accepter.
En ce sens, leur demande est souvent partielle ; en demi-teinte ; elle transige.
Pour ma part, il est difficile de cautionner de telles demandes, dans la mesure où je me verrais impliqué dans une dynamique mensongère … incompatible avec la vérité que je défends.
Je m'explique :
Qu'en serait-il de mon intégrité si j'acceptais de vous mener vers une solution libératrice, tout en maintenant dans votre vie les facteurs aliénants mais bien commodes dont vous avez peur de vous défaire ?
Il n'y a pas de demi-mesure.
Une part importante de la quête de soi implique que vous vous libériez de tout ce qui vous en empêche. Cette libération suppose votre entière responsabilisation.
La liberté est comme la vérité : Elle est … ou elle n'est pas.
Que penseriez-vous d'un professionnel qui vous promettrait monts et merveilles en vous assurant d'une alternative qui vous permettrait d'être heureux, tout en restant aliéné à ce qui vous faisait souffrir ?
Cela reviendrait à vous offrir une nouvelle illusion en remplacement de l'ancienne. Vous vous sentiriez certainement soulagés durant quelques semaines … ou quelques mois … Jusqu'au jour où, l'effet de nouveauté perdant son charme, vous recommenceriez à éprouver les mêmes sentiments de malaise, de doute, de vide existentiel.
Seule réponse valide :
“Engagez-vous … et en fonction des avancées, voyant comment vos résistances cèdent, vous serez à même d'évaluer en chemin le désir d'aller plus loin … ou pas.
Il ne dépend que de vous de décider l'ampleur de votre retour à vous-même.
Mais il ne peut y avoir d'engagement que s'il est total, donc honnête …
Quitte à refuser de poursuivre par la suite … (Ce que je constate assez rarement).
“Nous nous guérissons nous-mêmes dès que nous cessons de nous en empêcher.”
Thierry Bernardin.
Ni sado … Ni maso … !
La relation qui s'établit durant un processus doit être parfaitement saine.
Sans cela, il vaut mieux s'en abstenir.
Un accompagnant “sado” n'a pas sa place dans ce métier.
Un client n'a pas à être “maso” non plus. Sa quête concerne la liberté. Il serait totalement incohérent qu'il trouve auprès d'un guide, le contraire de ce qu'il est venu chercher … et qu'il persiste à rester avec lui.
Et pourtant, les relations “Sado-maso” dans ce milieu existent …
Rares, heureusement !
Mais même parfaitement sain et équilibré, le professionnel a un rôle très souvent délicat à tenir dans la mesure où il lui faut trouver un parfait et savant équilibre entre la “bousculade” et l' “inertie”.
Sans bousculade, les résistances du patient l'empêcheront d'avancer et le condamneront à l'inertie. Ce qui n'est pas le but recherché.
Trop de bousculade fait du guide une personne qui rue dans les brancards, générant chez le client un malaise incompatible avec ce qu'il était venu chercher.
Or, même si la marge est souvent très réduite pour nous, les choses sont (ou devraient être) très claires :
Nous guidons un processus dont nous ne savons presque rien à l'avance :
– La demande de départ est sujette à évolution.
– Nous ne connaissons pas la personne, son histoire, ses conflits, sa personnalité …
– Les résistances du sujet oscillent (d'une façon proportionnellement inverse à sa capacité à encaisser).
– Le résultat est incertain.
Dans ce cadre, un seul mot d'ordre pour les pros : ADAPTATION constante et de tous les instants.
Naviguant à peu près en aveugle, nous n'avons pas d'autre choix que d'avancer avec le sujet, au coup par coup, avec un tact absolu, en ayant une écoute millimétrique de ses capacités à investir le processus en temps réel.
Cela demande une implication totale.
“J’utilise [toute] mon énergie pour guérir et transformer.”
Deepak Chopra.
Un affranchissement par niveaux …
S'adapter, c'est savoir lutter avec les résistances qui entravent la demande de changement désiré.
Et ce combat requiert de la stratégie.
Nous ne pouvons jamais savoir à l'avance le style de menace que représente le changement pour le sujet. C'est à travers son discours, ses réactions … que nous comprendrons les tactiques à adopter.
Pas d'autre moyen, donc, que de progresser par paliers ; par touches ; comme un impressionniste !
Les demandes d'accompagnement sont très variées et concernent une infinité de domaines.
Quoi qu'il en soit, et dans le cadre d'un coaching, il semblerait que cela doive commencer par une tentative de mise en action en direction de l'objectif visé.
Ni le client, ni l'accompagnant, ne connaissent a priori la nature et l'ampleur des résistances susceptibles de s'éveiller et d'entraver la bonne marche du processus.
Dans le cadre d'un coaching, cette première étape de mise en action est la méthode privilégiée, à double titre :
Premièrement, cela peut fonctionner et donc suffire … ou peut-être pas !
Deuxièmement, si cela ne suffit pas, nous voilà fixés sur l'existence de la résistance …
À explorer donc pour en découvrir la nature, la fonction, la force.
Certaines tendances bloquantes, comme la procrastination, l'inaptitude à la joie, l'inhibition existentielle, peuvent être rebelles à la simple mise en mouvement et réveiller des résistances dont la gamme est infinie.
Cela peut aller d'un sujet qui n'avance pas, à toutes formes de réactivités émotionnelles.
L'équation conformée par l'affrontement entre quête personnelle et profondeur du conflit intérieur est parfois complexe.
Et c'est en tenant compte des tenants et aboutissants de ces facteurs que nous ouvrirons le champ sur une exploration plus détaillée avant de nous focaliser à nouveau sur une exigence d'action infructueuse et angoissante.
L'incursion dans la profondeur du sujet ne doit être qu'une proposition … qui sera acceptée ou rejetée par lui.
En d'autres termes, il n'est absolument pas productif, et encore moins éthique, de forcer l'intimité d'une personne sans son consentement explicite ou implicite.
Ainsi, il est souvent nécessaire d'accompagner le sujet verticalement dans sa propre profondeur, avant de le forcer à aller horizontalement vers l'action … que cela soit possible reste l'affaire du client.
En dépit des croyances, ces périodes où l'on aide une personne à comprendre quelque chose en elle, sont extrêmement rassurantes. Et malgré la crainte que cela peut susciter, je n'ai encore vu personne qui ait pu m'affirmer que cette incursion dans les peurs, les défenses, n'avait pas été bénéfique … voire “salvatrice”.
Écoute de tous les instants ; tact continu ; patience infinie : honnêteté absolue …
Voici les principaux ingrédients incontournables pour gagner et conserver la confiance d'un sujet en route vers sa vérité.
Et il n'y a que la défense de la vérité qui puisse affirmer celle du sujet que nous choisissons d'aider.
“Un seul mensonge découvert suffit à créer le doute sur chaque vérité [...]”
Auteur anonyme.
3 - FINALEMENT … ÉTAIT-CE SI TERRIBLE ?
La montagne qui devient un monticule …
Il n'est pas rare d'entendre dire à ceux qui parviennent à s'affranchir d'une résistance : “... Une si petite chose !” ou “Ce n'était pas si terrible !”
Finalement, le constat le plus fréquent reste celui d'un parcours plus “simple” qu'il n'avait été envisagé au départ. Dire “simple” ne veut pas dire “facile”, car le processus en lui-même comporte ses propres avatars ; ses montées et ses descentes. Mais cela reste simple d'un point de vue conceptuel.
Comment l'expliquer ?
Voyons cela !
En somme ...
Notre résistance au changement vient de l'injonction à être ce que le milieu veut que nous soyons.
Dans l'esprit d'un enfant, les risques inhérents à la désobéissance ne peuvent être assumés.
Pour être aimés “sous conditions”, il ne nous reste d'autre choix que de nous astreindre à ces mêmes conditions, fusse au prix de notre propre vérité.
Pour l'enfant, si dépendant de son milieu, la menace liée à la désobéissance est énorme.
Que ferait-il s'il cessait d'être aimé de ceux dont dépendent son acceptation, sa sécurité, sa survie ?
Pour l'enfant, il s'agit d'une question de vie ou de mort.
Rien de moins !
Dans l'esprit d'un enfant … d'accord. Mais qu'en est-il maintenant que nous sommes des adultes ?
Dans notre inconscient actuel, ce danger est vécu avec la même intensité qu'à sa source.
La menace n'est qu'imaginaire et profondément inconsciente … bien sûr. Mais quelle différence ?
Le risque imaginaire que suppose la désobéissance à être ce que l'on attend de nous, reste exactement le même. Notre cerveau ne fait absolument aucune distinction !
Dire que dans notre inconscient, nous sommes les bébés, les enfants que nous fûmes est une vérité absolue. Sans en être conscients, nous croyons que ces peurs archaïques continuent d'être potentiellement actives à la manière de la lave d'un volcan endormi … toujours prêt à s'éveiller.
Et à leur façon, elles le sont puisque sans la conscience de ce qu'elles sont réellement, elles continuent de diriger notre destin par la répétition de l'inhibition, du sabotage et du mal-être.
C'est en rendant conscientes ces incrustations inconscientes que nous en prenons la mesure réelle.
Effroyables à l'époque, elles deviennent alors obsolètes et inoffensives aujourd'hui.
La résistance n'a plus lieu d'opérer car, au final, il devient évident que ce qui la maintenait opérante n'a rien de si terrible que cela.
Et à la clé, il n'y a pas de plus belle victoire qu'un accès dégagé vers une réelle liberté.
“Tant que vous n'aurez pas rendu l'inconscient conscient, il dirigera votre vie, et vous appellerez cela le destin.”
Carl Gustav Jung.
Pour conclure …
En seconde partie je vous parlais d'un mot d'ordre qui devait orienter, voire fonder, tout le travail d'un praticien : l'ADAPTATION. Cela, c'est de la technique.
Sur un plan bien plus humain, il en est un autre qui doit guider chacun de ses pas : l'AMOUR INCONDITIONNEL.
Toute souffrance, toute sollicitude, toute manifestation pénible … ne sont que des appels à l'aide et, en dernier recours, des appels à l'amour inconditionnel.
C'est précisément le manque de ce genre d'amour, pendant notre enfance, qui nous mène à construire un personnage “hyperadapté” aux attentes extérieures.
Que pourrions-nous offrir d'autre aux personnes qui nous confient leur mal-être qu'une acceptation sans conditions ?
Un colérique, un jaloux, un dépressif, un révolté, un cynique, et même un salaud ! … n'est pas cela.
Il est bien autre chose.
Il n'est qu'une personne en recherche d'acceptation d'elle-même qui, en désespoir de cause, manifeste ces traits de caractère, ces sentiments, ces émotions … en vue d'obtenir une aide.
Un regard extérieur, un soutien, qui montre que ces réactions n'ont plus lieu d'être.
Un appui bienveillant qui permet de comprendre qu'elles ne font qu'amplifier un ressenti en croyant le soulager. Au final, à la lumière de sa propre vérité retrouvée, tout cela paraît si inutile et caduque !
Comment se donner de l'amour sans conditions à soi-même quand, au fond, celui qu'on nous a donné était soumis à prérequis ?
Comment offrir à d'autres et s'offrir à Soi ce que nous n'avons pas appris à recevoir ?
En vous aimant au-delà de ce que vous faites ou manifestez, … c'est à dire, pour ce que vous êtes profondément, le guide vous offre l'option de réparer cette lacune.
Recevant ce qui, en son temps, ne vous fut pas donné … vous apprenez à vous le donner enfin …
Préalable essentiel pour le donner autour de vous …
Condition inéluctable pour en recevoir en retour …
Et ce n'est qu'à la construction de ce cercle vertueux que nous devons vous aider à travailler.
“S’aimer soi-même est le début d’une histoire d’amour qui durera toute la vie.”
Oscar Wilde.
Une fois de plus, je vous transmets tous mes remerciements pour votre lecture.
Il y aura encore de nombreuses occasions …
À très bientôt …
“La guérison ne veut pas dire que les dommages n'ont jamais existé. Cela veut dire que les dommages ne contrôlent plus votre vie.”
Akshay Dubey.
Juan Manuel Salido Pena
Vilagarcía de Arousa (Espagne)
Mardi 10 décembre 2019
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